Delphine de Malherbe
Du sac à l’art, il n’y a qu’un pas. Mais de la course en sac à la course au luxe, il y a un monde. Olivier Saillard, conservateur de la mode et du textile, botte en touche. Pour lui, le luxe n’est plus là où on l’attend. Selon lui, il y a risque d’overdose. Il l’affirme :
« À mon sens, le sac de voyage le plus intéressant du moment est un sac de voyage de fortune. Je vais vous surprendre. Je vais vous parler du sac Barbès.»
Oui, vous avez bien entendu, il s’agit bien du sac en plastique à motif écossais que l’on trouve en bas des immeubles de Pigalle.
« Mais pas seulement » s’empresse d’ajouter Olivier Saillard.
« J’ai consacré une vitrine entière à ce modèle Barbès lors de mon exposition “Le cas du sac “. Et ce, pour de multiples raisons. Ce sac arabe, tissé de matériaux de récupération qui charge souvent les voitures, aurait rendu milliardaire tout designer ou styliste avisé d’une haute maison du luxe. Car chacun cherche son classique. Le sac Barbès est un « basic traveller » qui voyage dans le monde entier. On le trouve à Marseille, en Inde, en Amérique du Sud, en Chine... Il est le véritable attribut des nomades. C’est le moins cher du monde mais il témoigne de la durée de vie la plus longue. À un moment donné, il est même devenu une matière écossaise. Il est universel, en contradiction avec une industrie du sac qui crée parfois des formes qui ne naissent de rien. »
Passionné, passionnant, Olivier Saillard insiste sur le fait qu’il est inutile de chercher l’origine du sac Barbès. Que c’est rassurant de voir qu’un accessoire peut naître du seul désir des hommes et de leur histoire. Et non d’une volonté de business. Il poursuit :
« En toute logique, les plus grands artistes, stylistes et designers s’en sont inspirés : la marque Comme des garçons, Helmut Lang, la designer Matali Crasset et son pouf mobile. Ou même des chorégraphes.»
Une belle histoire qu’Olivier Saillard a raison de répandre. Ici, plus que jamais, un accessoire est à l’origine de l’art.
The bag and art are but a step apart but when it comes to shopping bags and luxury they are in different worlds. Olivier Saillard, a curator in fashion and textiles, sees only a small distance between them. He believes that luxury is no longer where one expects it, and in addition, there is a risk of overdosing:
“ To my mind, the most interesting bag around currently is worth a fortune. I’m going to surprise you. I mean the Barbès bag.”
Yes, you have heard this correctly, this does indeed refer to the plastic bag with a Scottish tartan motif that one finds beneath the apartment buildings in Pigalle.
“ And furthermore ” Olivier Saillard adds hurriedly.
“ I’ve dedicated a whole vitrine display to this kind of Barbès bag in my exhibition ‘The case of the bag’ (Le cas du sac). For a number of reasons. This Arab bag, woven using recycled materials, often found stuffed into the back of cars, would have turned any together luxury-house designer or stylist into a millionaire. As they are all looking to create a classic product. The Barbès bag is a basic traveller that roams the entire world. You find it in Marseille, in India, in South America, in China… It is the true point of belonging for the nomad. It is the cheapest in the world yet proves to have the longest life. At a certain time it even became a Scottish thing. It is universal in contrast to the commercial bag design market where sometimes forms are created from nothing.”
Impassioned and fascinated by the bag, Olivier Saillard insists that it is useless to seek the origin of the Barbès bag. And that it is reassuring to find an accessory that can simply appear because people want it and have a need for it, and not because big business has determined it. He continues:
“ Logically, the greatest artists, stylists and designers have been inspired by it: Comme des Garçons, Helmut Lang, the designer Matali Crasset and her mobile pouffe; and even choreographers.”
This is an intriging and amusing story that Olivier Saillard is happy to circulate. That an accessory can give birth to original works of art.