Nine Antico est une illustratrice et auteur de bandes dessinées née en 1981. Son premier ouvrage, Le Goût du paradis, paru en 2008 (et réédité cette année aux Requins Marteaux) pourrait se lire comme une version moderne des Mémoires d’une jeune fille rangée, transposées dans une banlieue du 93. Comment trouver sa place quand on est une gentille fille à papa, blanche de surcroît, tiraillée entre sa bonne éducation et une fascination voluptueuse pour les petits caïds de la cité
Nine Antico nous charme par une écriture inventive et un sens aigu de la saynète, percutante et souvent hilarante. Son dessin tout en rondeurs et arabesques, qui évoque plus qu’il ne fige, trouve sa singularité dans la parfaite synthèse entre le rétro de la belle époque, l’art urbain des tags, le psychédélisme des seventies et la sensualité onirique d’un Guido Crepax. En 2010, elle croise les biographies fantasmées de Betty Page et Linda Lovelace dans Coney Island Baby (l’Association) et chronique les aventures douces-amères de trois jeunes filles en fleurs dans Girls don’t cry (Glénat). Ces deux titres ont été sélectionnés dans la compétition du festival d’Angoulême 2011.
Cet automne, la bourse de la Mission Stendhal lui permet de sillonner Los Angeles, sur les traces de Pamela des Barres, principale inspiration de son livre en préparation sur les groupies et le milieu musical des années 70.
Premiers souvenirs
Les senteurs des eaux de toilette bon marché, qui donnaient aux garçons de la cour du collège, l’air d’hommes en devenir. C’était une touche de vulnérabilité: s’ils se parfumaient, c’était pour plaire, c’est donc qu’ils avaient besoin de nous, sous leur forteresse masculine.
Premières sensations
Le goût du tabac dans la bouche d’un garçon embrassé en italie. J’ai tout de suite adoré ce goût, par procuration.
Dernières volontés
Une archive de l’odeur des peaux. En ouvrant un flacon on pourrait, comme le héros du roman de Süskind, inhaler la vie de son propriétaire, jusque dans ses tréfonds. On serait riche de plein de vies, sans acheter de biographies. J’aurai le temps de lire Shakespeare et Maupassant...
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Nine Antico is a comics illustrator and author who was born in 1981. Her first book, Le Goût du paradis (The Taste of Paradise), which appeared in 2008 (and was reissued this year by Requins Marteaux) could be read as a modern version of Mémoires d’une jeune fille rangée (Memoirs of a Dutiful Daughter), transposed to the Paris suburb of 93. How to find your place when you are a nice daddy’s girl, and moreover white, torn between your good upbringing and a voluptuous fascination with the petty gangster lords of the city?
Nine Antico charms us with inventive writing and a keen sense of the comic sketch, which is powerful and often hilarious. The uniqueness of her drawing, all curves and arabesques, which are more evocative than categorical, lies in the perfect synthesis between the retro feel of the belle époque, urban graffiti art, the psychedelia of the seventies and the dreamlike sensuality of a Guido Crepax. In 2010, she combined the fantasy biographies of Betty Page and Linda Lovelace in Coney Island Baby (l’Association), and chronicles the bittersweet adventures of three budding young girls in Girls Don’t Cry (Glénat). Both titles were selected in the 2011 Angoulême festival competition. This Autumn, a grant from the Stendhal Mission is allowing her to explore Los Angeles, in the footsteps of Pamela des Barres, the main inspiration of her book, researching the groupies and the musical environment of the 70s.
First memories
The scents of bargain colognes, which gave the boys at school the air of men in the making.
It was a hint of vulnerability: if they scented themselves it was to please, it meant they needed us, in their masculine fortress.
First sensations
The taste of tobacco in the mouth of a boy kissed in Italy. I immediately loved the taste, by proxy.
Last wishes
An archive of the smells of skin. By opening a bottle, one could, like the hero of Süskind, breathe in the life of its owner, right to its innermost depths. One would be enriched by many lives, without buying biographies.
I would have time to read Shakespeare and Maupassant...