André Holley
Créer un parfum, c’est assembler des odeurs selon des règles de composition issues de l’expérience du créateur et revisitées par son imagination. Les quelques centaines d’odeurs qui forment la palette du compositeur sont semblables à toutes les odeurs; comme elles, elles stimulent les nombreux récepteurs que portent, sur leurs cils, les cellules sensorielles de la muqueuse olfactive.
Elle le font en se liant brièvement à ceux des récepteurs qui les reconnaissent, le temps de les activer. Les cellules olfactives émettent alors des influx à destination du cerveau. C’est ainsi que s’ébauche une combinaison de plusieurs neurones activés, la forme olfactive, qui code la qualité du parfum et son identité. Bien construite, bien équilibrée, la forme olfactive sera perçue comme un tout qui ne laissera guère deviner les éléments de sa composition. C’est l’art du parfumeur de faire en sorte qu’il en soit ainsi.
La forme chemine dans les voies olfactives, du bulbe olfactif au cortex primaire, jusqu’à acquérir sa pleine dimension hédonique, son inestimable valeur de plaisir, sans doute dans le cortex orbitaire du lobe frontal à l’avant du cerveau.
Ce parcours neural pourrait être celui de l’odeur d’une fleur ou d’un sous-bois. Il y a quelque chose de plus dans la création de parfumerie car la forme olfactive inventée s’insère dans une histoire culturelle, l’histoire des grands parfums qui s’offrent comme des modèles à imiter ou mieux encore si possible des modèles à dépasser et ainsi, l’œuvre de parfumerie va au-delà de sa réalité sensorielle, elle s’engage sur les chemins de la mémoire pour amplifier l’intensité du plaisir qu’elle offre à ceux qui savent l’apprécier.
Creating a perfume involves combining fragrances according to rules of composition that are based on the experience of its creator and revisited in his imagination.
The hundreds of smells that comprise the palette of the composer are similar to all odours in that they stimulate the many receptors that the sensory cells of the olfactory mucosa carry on their cilia. They do so by briefly connecting with those receptors that recognize them, for the amount of time it takes to activate them. The olfactory cells then transmit signals to the brain.
In this way a number of activated neurones are combined in an olfactory configuration that encodes the quality and identity of the perfume. Once fully constructed and balanced, the structure of the fragrance will be perceived as a harmonious whole in which the individual elements can barely be detected. The perfumer’s skill lies in ensuring that this be so.
The scent- structure moves through the olfactory tract from the primary olfactory bulb to the cortex, while fully developing its hedonic aspects and power to stimulate pleasure, probably in the orbital cortex of the frontal lobe in the front of the brain.
The neural route taken is the same whether stimulated by the smell of a flower or undergrowth.
There is something more in the creation of perfume because the olfactory scent-form that is created is part of a cultural history of great perfumes that provide role models as well as scope for new and better perfumes. The work of perfume-making goes beyond its sensory reality; it engages memory pathways in order to amplify the intensity of pleasure that it offers to those who know how to appreciate it.