Née à Pékin en 1972, Shan Sa a deux langues et deux plumes. Ecrivain pour la France et poète pour la Chine, elle obtient le Prix Goncourt des Lycéens pour La Joueuse de Go, un superbe texte sur une jeune fille de 16 ans capable d’ignorela guerre et la dureté de la vie au bénéfice de son jeu de go et d’une capacité d’amour fou dénué de sentimentalisme. Son dernier roman Alexandre et Alestria figura sur la première liste du grand prix de l’Académie Française.
Premier souvenir
Il y avait une montre de mon grand-père datant des années 1920 dans le tiroir de ma mère. Dès qu’elle s’absentait, alors que j’étais toute petite, j‘en profitais pour regarder longuement et en cachette cet objet qui me fascinait : la montre d’un guerrier à mes yeux car mon grand-père était résistant. Et en même temps, il était un homme de culture, donc un «combattant lettré». Cette montre était à l’image de cette double nature : elle était large mais ronde, avec des chiffres romains sur le cadran. Son bracelet brun en cuir évoquait pour la petite fille que j’étais des chevauchées sauvages.
Première sensation
La montre est un bijou à mon sens. La mienne est une Reverso au bracelet bleu avec des diamants. Je ne la porte presque pas car je n’aime pas me sentir menottée et une montre au poignet peut me donner cette impression de poids. Et puis, j’aime me laver très souvent les mains car cela me repose. Je juge aussi que la montre est l’accessoire masculin par excellence. Je ne connais rien de plus sexy qu’une belle montre sur le poignet d’un homme.
Dernière volonté
La montre durera dans le temps par sa qualité de bijou. Elle ne sera pas tuée par la technologie. Mais attention : il ne faut pas se tromper de montre.
Shan Sa, born in Peking in 1972, speaks two languages and writes with two pens. Author in France and poet in China, she has enjoyed popularity since the publication of La Joueuse de Go (The Go Player), Prix Goncourt des Lycéens, a superb text about a sixteen-year old girl who manages to ignore the war and the harshness of her life thanks to her game of Go, and to a capacity for crazy love, entirely stripped of all sentimentality. Shan Sa’s latest novel, Alexandre et Alestria came out in September 2006 and was shortlisted for the Académie Française grand prix.
Earliest memories
In her drawer, my mother kept a watch dating from the 1920s, which had belonged to my grandfather. It used to fascinate me, and when I was very small, I used to seize the chance, whenever she went out, to gaze at length at it in secret. As my grandfather had been a member of the resistance, it was for me, the watch of a warrior. And at the same time, he was also very cultured, a kind of « scholarly combatant ». The watch represented this double personality. It was wide, round, with Roman numerals on the dial, and the brown leather strap made me think of wild riders, little girl that I was.
First feelings
For me, a watch is a piece of jewellery. I have a Reverso with a blue, diamond-set bracelet. I hardly ever wear it, as I don’t like feeling as though I’ve been handcuffed, and because I feel weighed down with a watch on my wrist. I also like to wash my hands very frequently, as I find it relaxing. For me, a watch is the ultimate men’s accessory. I can’t think of anything more sexy than a watch on a man’s wrist.
Last wishes
The watch will last, as long as it is perceived as an item of jewellery. It won’t be killed off by technology. Just one thing though: it has to be the right watch.