Marzia Migliora transforme tout sur son passage. Amie de la performance, cette artiste italienne joue avec la vidéo, la création sonore, le dessin et le design d’objets. Et comme son jeu devient vite un travail hors pair, on retrouve dans son oeuvre les notions d’identité, de désir, d’intimité, de mémoire, de perte ou encore d’obsession. En Novembre 2006, elle a une exposition majeure à la fondation Merz de Turin. L'on a pu la voir au Carré d’Art de Nîmes ainsi qu’à la galerie Rumma de Milan « Bianca e il suo contrario ».
Premier souvenir
J’avais six ou sept ans. Je n’étais pas très bonne en maths et je pensais que cela venait du fait que je ne voyais pas bien le tableau. On m’a amenée chez l’opticien. J’ai reçu ma première paire de lunettes qui était marron, grande et laide à souhait mais j’étais heureuse. Ces lunettes faisaient partie de moi. Elles étaient faites spécialement et seulement pour moi.
Première sensation
Je me souviens de mon grand-père et de sa paire de lunettes. Il la mettait et la reposait jour après jour avec beaucoup d’attention dans un tiroir du salon pour les garder à l’abri : toujours le même petit rituel domestique. Il n’est plus de ce monde mais si je devais ouvrir le tiroir du salon, je serais sûre d’y retrouver ses lunettes.
Dernière volonté
Je souhaite que ma vue reste toujours la même et qu’elle ne change jamais afin de continuer à me connaître de l’intérieur et de l’extérieur et de m’accepter telle que je suis. Je veux continuer à percevoir chaque être légèrement flou. Les contrastes violents se trouvent adoucis du fait que je suis un peu myope.
Marzia Migliora transforms everything she touches. A born performer, this Italian “plays” in video, sound, draughtsmanship and design. But her work is no game. More a labour of love, and with a dark side, constantly returning to themes of identity and self, of desire, intimacy, memory, of loss and even of obsession. In November 2006 she staged a major exhibition “Tanatosi” at the Fondazione Merz, Turin, followed by two exhibitions at the Musée Carré d’Art in Nîmes and another one ’Bianca e il suo contrario’ in the Gallery Rumma in Milan.
Earliest Memories
I was six or seven and I wasn’t doing very well in Math. I thought that maybe the reason for this was that I couldn’t see the blackboard properly so I was taken to the opticians and given my first pair of glasses. They were big, brown, ugly things but I was happy. Those glasses became a part of me. They were made specially for me and for me only. I still have them among my personal possessions.
First Feelings
I remember my grandfather and his glasses. He kept them in a drawer in the sitting room and every day he would very carefully put them back there to keep them out of harm’s way. It was quite a little domestic ritual. He is no longer with us but I feel sure that if I were to open that drawer in the sitting room I would find his glasses still there.
Last Wishes
I hope that my eyesight always stays the same and never changes. This way I can continue to know myself inside and out and accept myself as I am. Being a little short-sighted is a good thing for me, because it means I don’t have to deal with any harsh contrasts. Everything is softened by being ever so gently out offocus and I’m happy to go on seeing it all that way.