En présence d’une oeuvre de Jean-Pierre Bertrand le spectateur est en mesure de se demander ce qu’il regarde, qu’est-ce qui lui fait face, non pas intellectuellement mais physiquement, dans sa pure matérialité. Le spectateur est souvent piégé, tant ce qui est vu semble à première vue évident. Sa capacité à le mettre en défaut le prédisposait à bâtir une fiction autour de la rencontre de deux mythes du XXe siècle, Jackie Onassis et Muhammad Ali. Il a représenté la France à la Biennale de Venise en 1999 et a réalisé de nombreuses commandes publiques dont récemment les vitraux de la crypte du Panthéon à Paris. Il est représenté par la galerie Michel Rein, Paris
Premier souvenir
Je me rappelle une amie de ma mère, une jolie femme qui portait autour de son avant-bras quelque chose qui brillait. Elle bougeait beaucoup les mains quand elle parlait et c’était comme si ses tours de mains – tours de doigts étaient générés par cet objet, qu’il les contenait tous. A ce moment là de mon enfance je fus très troublé.
Première sensation
Plus tard j’appris le nom de l’objet dont je viens de parler, et par la suite je réalisais que mon trouble face à la jolie femme au bracelet avait été la première manifestation d’un émoi érotique.
Dernière volonté
Ma dernière volonté serait de revivre la même scène : ma mère assise sur le sofa près de la fenêtre – son amie très animée, ses bracelets virevoltant au bout de ses bras et moi assis sur la petite chaise avec en tête ce que je viens d’écrire.
Faced with a work by Jean-Pierre Bertrand, the spectator may well wonder what kind of physical entity he is looking at, not only intellectually but also materially. The onlooker is often taken in by what at first glance seems self-evident. His tendency towards self-deprecation inspired him to create a fictional meeting of two legends of the 20th century, Jackie Onassis and Muhammad Ali. He represented France at the 1999 Venice Biennale, and has completed numerous public commissions, the most recent being the stained glass windows in the crypt of the Pantheon in Paris. He is represented by the Michel Rein Gallery in Paris.
Earliest memories
I remember a friend of my mother’s, a pretty woman who wore something glittery round her forearms. She was very talkative and animated when she spoke, so much so that her expansive hand gestures and arm movements whirled up a flurry of clinks and jingles. I found that moment in my childhood very disconcerting.
First feelings
Later I learned the name of those objects of which I have just spoken, and later I realised that my discomfiture in front of the pretty woman with the bracelets was the first stirring of erotic excitement.
Last wishes
My last wish would be to relive the same scene: my mother seated on the sofa near the window – her friend being very animated with bracelets whirling around on her arms and me sat on a little chair with what I have just written in my head.